Des locataires dénoncent des pressions de leur propriétaire qui veut qu'ils quittent leur logement
Tous les prétextes semblent bons.
Les Maisons
La crise du logement continue à Montréal. Des locataires de Pointe-aux-Trembles affirment subir toutes sortes de pressions venant de leurs nouveaux propriétaires dans le but qu'ils quittent leur logement, rapporte le Journal Métro.
C'est le cas d'une femme de 67 ans qui demeure depuis 46 ans à la même adresse d'un bâtiment de six appartements situé sur la 1re avenue. Au début de l'été, l'un des nouveaux propriétaires de l'immeuble lui aurait offert 5 200 $ si elle quittait son logement et de lui en trouver un autre, car il prévoit rénover celui où elle habite.
«Quand il m’a parlé de cession de bail, j’avais les larmes aux yeux, j’étais anxieuse, c’était trop de pression», a expliqué Patricia Higgins au Journal Métro.
Le propriétaire lui a ensuite dit que, si elle désirait revenir après les rénovations, le prix du loyer grimperait de plusieurs centaines de dollars, pour passer de 600 à 1 050 $.
La dame a refusé l'offre et a ensuite demandé l'aide d'Infologis. Là-bas, un organisateur communautaire explique que ce n'est pas la façon de faire et que le propriétaire aurait dû attendre la fin des travaux. Ensuite, il peut augmenter le prix du loyer selon ce qui est permis par le Tribunal administratif du logement.
« Là, c’est peut-être plus une tentative de voir son loyer augmenter sans passer par les mécanismes prévus par la lo i», explique Olivier Vézina au Journal Métro.
Les propriétaires de l'immeuble, Gabriell Bouchard et Olivier Trahan-Carmel, ont été contactés par le Journal Métro, mais ils ont refusé d'émettre des commentaires.
Selon les locataires, les travaux auraient pour buts de créer deux appartements au sous-sol.
Selon Mme Higgins, un propriétaire l'aurait avertie à la mi-juin que l'eau serait coupée durant les travaux et qu'elle devrait donc quitter les lieux. Mais les propriétaires ne lui ont jamais remis par écrit de précisions sur les travaux ni sur leur durée et l'indemnité d'évacuation.
« Souvent, on utilise les travaux comme prétexte pour expulser les locataires. Mais dès que les locataires s’informent sur les démarches qui doivent être faites, ils font valoir leurs droits », détaille Olivier Vézina.
Mme Higgins n'est pas la seule à avoir des problèmes avec les nouveaux propriétaires. C'est aussi le cas de Luc Beauregard et Yvon Houle, qui ont également reçu des offres pour déménager.
Depuis leur refus, ils ont remarqué un manque d'entretien dans l'immeuble et des relations de plus en plus glaciales avec les nouveaux propriétaires.
La deuxième porte d'entrée qui permettait de contrôler qui a accès au bâtiment a entre autres été arrachée. La serrure du sous-sol a également été enlevée, alors que plusieurs locataires y entreposent des biens.
« C’est de la pression, de l’intimidation », estime Luc Beauregard.
« Dans le cas présent, j’ai surtout l’impression que le propriétaire veut donner accès [à l’immeuble] à tous les travailleurs. Mais ça ne doit pas venir aux dépens des locataires présents », croit de son côté Olivier Vézina.
Les trois locataires prévoient se présenter devant le TAL pour plaider leur cause.
« Je ne sais pas comment un juge trancherait la question. Mais ça commence à faire beaucoup de choses [à propos desquelles] le propriétaire semble insouciant, et ne pas prendre en compte les conséquences sur les locataires. C’est au propriétaire d’assurer la jouissance paisible des lieux dans les logements », estime M. Vézina.