Une toute nouvelle plateforme où les locataires peuvent noter leur propriétaire ne fait pas l'unanimité
Êtes-vous pour ou contre ?
Les Maisons
Alors que certains locataires déplorent l'attitude de certains propriétaires, une nouvelle plateforme ontarienne propose d'évaluer la personne à qui vous payez un loyer, rapporte le 24 heures.
La plateforme Rate The Landlord permet au locataire de donner une note variant entre 0 et 5 étoiles. Ainsi, il est possible de noter la sécurité et la salubrité du logement, le respect à la vie privée, la stabilité de la location, le loyer, le respect, et les travaux effectués par le propriétaire. Les locataires peuvent également ajouter un commentaire en précisant leur pensée.
Les avis sont publiés anonymement. Toutefois, le site prévient que certains pourraient remonter jusqu'aux auteurs des publications.
Beaucoup de commentaires qui y sont laissés sont négatifs. Toutefois, d'autres locataires ont également décidé de laisser de très bons commentaires devant un propriétaire qu'il considèrent comme idéal.
En entrevue avec Vice News, l'un des fondateurs de la plateforme a déclaré sous le couvert de l'anonymat qu'il avait eu cette idée après avoir raconté une mauvaise expérience avec un propriétaire à un de ses amis. Ses amis lui ont ensuite raconté d'autres histoires à donner la chair de poule.
Selon lui, il existe dans le milieu locatif une « dynamique où les propriétaires ont tout le pouvoir et les locataires, très peu ».
La plateforme est basée en Ontario, mais elle compte aussi environ 250 avis à propos de propriétaires québécois. Notons que la plateforme est actuellement disponible à travers le Canada, mais aussi aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Australie.
Contactée par le 24 heures, la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) avoue se sentir « inconfortable avec ce genre de plateforme.
Rate The Landlord ne fait pas nécessairement l’affaire des propriétaires. À la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), on se dit plutôt «inconfortable» avec ce genre de plateforme d’avis.
« On ne peut pas vérifier ce qui est dit sur ce genre de plateforme, ça ne mène pas à grand-chose », déplore Marc-André Plante, directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales à la CORPIQ, en entrevue au 24 heures.
Il estime d'ailleurs que cet outil ne permet pas de régler « la crise de la disponibilité » des appartements en location. « Ça va générer une atmosphère de mécontentement et de confrontation », ajoute-t-il.
« Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce site a été créé en Ontario, où il n’existe pas de tribunal administratif du logement (TAL), comme au Québec. Ici, les relations entre locataires et propriétaires sont encadrées par la loi, l’équilibre de pouvoir est différent », ajoute le porte-parole de la CORPIQ.
Du côté des groupes de défense des droits des locataires, on estime que « ce n’est pas une solution qui peut remplacer la protection des locataires », résume le co-porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataire du Québec (RCLALQ), Cédric Dussault, en entrevue au quotidien montréalais.
« Le TAL est engorgé et favorise les propriétaires par défaut. Même si les locataires ont des outils pour défendre leur droit, ils doivent le faire dans une position où ils ont peu de pouvoir et peuvent être victimes de pressions et de harcèlement. Ça ne peut pas remplacer le système de justice, mais c’est un endroit où les locataires peuvent se faire entendre et surtout partager de l’information, ce qui n’est pas toujours facile », croit-il néanmoins.
Quant aux listes noires de locataires, elles circulent déjà de manière informelle sur Facebook dans des groupes privés.
« Même s’il a une mauvaise note sur Rate The Landlord, si le logement d’un propriétaire est le seul disponible, ça ne changera pas grand-chose », conclut M. Dussault.
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