Une famille forcée de vendre sa maison à cause des taux d'intérêt

Les hausses des taux d'intérêt hypothécaires font mal à bien des propriétaires de maison depuis un an. C'est d'ailleurs le cas d'une famille de Québec, qui devra vendre sa maison étant donné les paiements devenus trop élevés, rapporte TVA Nouvelles. 

En un an, la famille a vu ses paiements passer de 2 300 à 3 780 $ par mois. Ces montants n'incluent pas la hausse annoncée mercredi par la Banque du Canada.

C'est en mai 2022 qu'Émilie Cholet a acheté sa maison pour 565 000 $ à Québec. « Notre mensualité devait être de 2 300 $ par mois. Mais il y a eu une augmentation du taux directeur juste après notre signature. Dès notre premier prélèvement, on était déjà autour de 2 500 $. Et ça a continué, et continué... Quand j’ai vu aujourd’hui que le taux d’intérêt montait encore, je suis allé voir nos comptes, j’ai dit: “tabarouette ! On est rendu à 3 780 $ par mois !”», explique-t-elle à TVA Nouvelles. 

Rappelons que, depuis janvier 2022, la Banque du Canada a haussé 9 fois son taux directeur. Elle et son mari ont une hypothèque avec la First National, qui ne permet pas d'étirer la durée du prêt. 

« Nous, on a fait confiance à notre courtier hypothécaire qui nous disait de prendre un taux variable. On n’était pas très chaud sur le coup, mais on a décidé de lui faire confiance puisque c’est son métier. Mais on s’est fait avoir, finalement. J’ai beau dire à ma banque que ça ne marche pas, qu’on ne peut pas continuer comme ça, qu’on est cinq à la maison et qu’on risque de se retrouver à la rue, ils sont intransigeants. Ils me disent ‘’on ne peut rien faire pour vous’’ », se désole Mme Cholet. 

Elle n'est pas la seule. 

« La réalité, c’est que plusieurs clients à taux variables avaient du 1,45 % il y a 2-3 ans. Avec la hausse de mercredi, ils seront à 5,95 %. C’est une hausse de 4,50 % en 15 mois ! Quel économiste l’an dernier avait prédit ceci ? Aucun », fait savoir Stéphane Bruyère, courtier hypothécaire chez les Architectes hypothécaires, en entrevue avec TVA Nouvelles.

« Si la dame vend sa maison, elle va au moins profiter du fait que sa propriété aura pris de la valeur depuis qu’elle l’a achetée. Sinon, la seule façon de baisser son paiement hypothécaire est de se trouver un taux fixe, mais celui-ci va être au-dessus de 5 pour cent. Son paiement mensuel va quand même être très élevé », poursuit-il. 

Mais la famille Cholet doit également faire face à l'inflation qui touche le panier d'épicerie.

« Je n’ose même plus rentrer chez moi le soir, je me dis l’ambiance va être compliquée et lourde. On va devoir revendre, je n’ai pas d’autre solution. Et il va falloir encore changer d’école alors que ma fille s’était fait de nouveaux amis. Il y a aussi un impact psychologique derrière tout ça », explique-t-elle.

« Je ne comprends pas, c’est quoi leur but ? Qu’on se retrouve tous dans le trouble ? Mon mari et moi on travaille à temps plein tous les deux. On est censés vivre normalement. Mais dans le fond, notre maison est en train de nous tuer », conclut-elle. 

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