De fausses offres d'achats par des proches un courtier pour stimuler la surenchère
Un courtier se retrouve maintenant dans l'eau chaude.
Les Maisons
Alors que la surenchère a fait exploser le prix des maisons durant la pandémie, un courtier immobilier a fait des manoeuvres bien douteuses, rapporte La Presse.
En effet, un courtier immobilier a fait faire de fausses offres d'achat par des proches en vue de stimuler une surenchère au bénéfice de sa patronne, Christine Girouard. Cette dernière est très connue à Repentigny et le public québécois la reconnaît surtout pour l'émission Numéros 1, sur les ondes de CASA.
Jonathan Dauphinais-Fortin, qui travaillait pour l'équipe de Mme Girouard, a déposé un minimum de deux offres fallacieuses en 2022, d'après des documents auxquels La Presse a eu accès. Une telle stratégie avait pour but de stimuler les enchères sur les propriétaires à vendre par Christine Girouard sous Re/Max d'Ici.
Or, cette pratique est illégale en vertu du Code criminel.
À titre d'exemple, une maison à vendre affichée en février 2022 au prix de 399 700 $. La Presse a rencontré un couple qui a fait les frais de cette pratique.
Mackenson Latour et sa femme Marie Magdala Azar ont d'ailleurs souvent été battus en surenchère, à la recherche d'une maison pour leurs deux enfants. Avec leur courtier, ils ont d'abord fait une offre à 410 000 $ sur la maison.
Ils ont ensuite reçu un appel de leur courtier, qui leur a fait part comme quoi il y avait une seconde offre.
« Notre courtier disait : une maison pareille, c’est sûr que les gens vont mettre 430 000 $. Comme on avait déjà fait plusieurs offres à 450 000 $, qu’on ne les avait pas eues et qu’on apprenait que le gouvernement allait commencer à monter les taux, on a dit : il vaut mieux ne pas perdre de temps, on met tout ce qu’on a », a-t-il raconté à La Presse.
Finalement, Sully Mompremier, leur courtier, fait une offre bonifiée à 450 000 $, qui est acceptée.
Toutefois, le couple ignorait alors que la deuxième offre déposée après leur première offre n'était pas véridique. Le courtier Dauphinais-Fortin l'a mise au nom de sa conjointe. Cette dernière a demandé à La Presse de taire son nom. Et pire encore, son offre était sous le prix demandé, et 40 000 $ de moins que celle de M. Latour et de sa femme.
« C’est vraiment pas croyable, c’est pas croyable, c’est pas croyable ! », s'exclame M. Latour, à La Presse
« La différence est vraiment énorme et m’étonne dans le contexte de surchauffe et de multioffres », estime de leur côté leur courtier immobilier, Sully Mompremier, en entrevue avec le quotidien montréalais.
Il n'a pas accès aux montants et aux promesses d'achat des autres courtiers, en vertu de la loi. Toutefois, s'il n'y avait pas eu d'autre offre, ses clients n'auraient pas modifié leur offre initiale.
« L’offre est fausse, c’est une fausse offre, les personnes pourraient être accusées de fabrication de faux et usage de faux, parce que c’est dans le but d’en tirer un avantage », fait savoir l’avocat en droit criminel et pénal, Jean-François Boudreau, en entrevue à La Presse
« C’est grave, c’est un acte criminel. C’est vraiment ça, l’article 380 du Code criminel, c’est carrément de la fraude, c’est de la fraude », souligne-t-il.
Lisez l'excellente enquête de la Presse en cliquant sur le lien ci-dessous :
Après ce reportage, La Presse a également révélé que Re/Max d'ici avait largué Christine Girouard et Jonathan Dauphinais-Fortin. Ils sont également visés par une enquête de l'OACIQ.
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